Extrait de la revue Subaqua n°294 – Janvier-Février 2021
La plongée est, et doit être, une source de plaisir, de bien-être. Tout doit être fait pour que les plongeurs, en particulier les débutants, se sentent bien et en sécurité durant la plongée. Les propos que nous tenons en préambule (présentation, briefing) sont alors primordiaux car ils ne doivent pas être un vecteur de stress, provoquer ou encourager ce dernier. Mais, une fois ces évidences dites, notre comportement, et surtout notre langage, sont-ils toujours en adéquation avec ce qui précède ? J’ai rencontré Vanessa Grouiller (MF1, DEJEPS, monitrice Bathysmed, thérapeute PNL) qui nous apporte un éclairage utile sur ce sujet. Cet article a juste la prétention de proposer de se le rappeler (souvent), de le travailler (autant que possible) et de l’appliquer (toujours).
Stéphan Jacquet
« N’aie pas peur ». « Ne stresse pas ». « Il n’y a aucun risque ».
« Tu n’as rien à craindre ». « Si tu as mal aux oreilles ».
« Avant d’avoir mal aux oreilles…». « Surtout, ne fais pas… ».
Ces expressions a priori anodines continuent d’être souvent entendues au quotidien (et ce, de manière inconsciente, machinale, sans vraiment percevoir leur impact). Si elles ont un objectif très louable, celui de vouloir rassurer, on va toutefois comprendre dans les lignes qui suivent que le cerveau ne le perçoit pas forcément ainsi.
Pour bien comprendre cela, Vanessa m’a fait jouer à un petit jeu, très simple et très efficace. Vous voulez y jouer aussi ? Ok, alors c’est à votre tour ! Vous êtes prêt ? C’est parti ! Faites ce que je vous dis, en commençant par prendre une grande inspiration. Soufflez profondément et inspirez à nouveau profondément. Posez-vous. Calmez-vous. Sentez-vous bien. C’est bon ? Maintenant, je vous dis (écris) : « Ne pensez pas à un requin rose ! » « Non, ne pensez pas à un requin rose ! ». Alors ? À quoi avez-vous pensé ? À un requin rose, non ? Oui ? Et c’est parfaitement normal. Notez que j’aurais pu écrire éléphant rose, ça marche aussi ! Mais nous sommes des plongeurs, non ?
Que s’est-il passé ? Pourquoi n’avons-nous pas suivi la recommandation ?
Simplement, parce que notre cerveau ne comprend pas la négation. Il se forme dans notre esprit, en nous, l’image du mot prononcé. Donc, quand on vous dit de ne pas penser à un requin (ou éléphant) rose, vous y pensez !
Certains objecteront. « Non, moi j’ai pensé à un requin gris (ou bleu ou blanc) parce qu’un requin ce n’est pas rose ! », Peut-être ! Mais si tel est le cas, vous appartenez à une très large minorité et peut être avez-vous vu quand même une forme, quelque chose se déplaçant de la couleur rose, même furtivement. N’est-ce pas ? Allez soyez francs et honnêtes avec vous-même. Vous l’aurez compris, il est important de réfléchir à notre façon de penser et à nos tournures de phrases pour que notre cerveau n’imprime pas un état non désiré mais un état désiré. On parle alors de pensée positive et la PNL en est un outil phare.
LA PNL : QUÉZACO ?
La PNL pour programmation neurolinguistique est née au début des années soixante-dix de deux hommes Richard Bandler (un mathématicien) et John Grin-der (un linguiste), tous deux psychologues. Ils ont compris que le cerveau peut s’apparenter à un ordinateur programmable selon des codes précis pour arriver à l’état désiré. Dit autrement, la PNL constitue donc une modélisation de la pensée, une méthode de communication efficace qui permet de mettre en place des changements nécessaires pour atteindre des objectifs, savoir-être et/ ou savoir-faire. En gros, cela permet de répondre à ce type de question : que désires-tu ? Que veux-tu réellement mettre en place ?
La méthode va alors s’attacher à la façon de trouver des solutions, aux attitudes donnant naissance à un nouveau mode de communication positive et à des techniques de changements. On comprend donc bien qu’il est beaucoup plus pertinent de bannir la négation, de prôner un discours positif et employer les phrases qui auront un impact direct sur notre cerveau. Des mots (et leurs dérivés) tels que peur, craindre, risque, difficile, mal, danger, noyer, manque d’air, couler, tes poumons risquent d’exploser, et j’en passe, devraient donc trouver de nombreux substituts. Si on revient à nos expressions du début d’article, dire « n’aie pas peur », « ne stresse pas », « il n’y a aucun risque », « tu n’as rien à craindre » fait que l’on invite ou alimente cette peur, ce stress, ce risque possible, bref tout l’effet inverse que celui qui est escompté. Le cerveau est ainsi fait.
De la même manière, dire « si tu as mal aux oreilles », « avant d’avoir mal aux oreilles… » vont fort probablement engendrer le mal, ou la crainte ou la sensation du mal que l’on veut éviter.
La plongée est un fantastique outil pédagogique, permettant de nous amener vers un état de conscience augmentée. Pour les encadrants, au-delà des qualités techniques et physiques qui sont demandées, la communication et la gestion de la relation à l’autre sont primordiales.
Nous le savons mais le faisons-nous toujours ?